Les nouveaux logements, de smart à responsive | de Barbara Benini

C’est une révolution déjà en cours, dont nous ne sommes peut-être même pas pleinement conscients, mais qui accompagne notre développement, nos habitudes et les environnements dans lesquels nous vivons. Cette révolution est là et elle deviendra de plus en plus imposante. C’est la transformation de nos maisons de green et smart à responsive, d’écologiques à capables de s’adapter spontanément aux besoins des occupants.

Les caractéristiques et les perspectives de ce processus sont bien analysées, à partir de la réalité française, dans l’étude récente de BNP Paribas Real Estate « Le bâtiment : de smart à responsive ».

L’appellation smart building est utilisée pour décrire les bâtiments à haute efficacité énergétique intégrant dans la gestion intelligente du bâtiment les équipements consommateurs, les équipements producteurs et les équipements de stockage de l’électricité. Avant d’être smart, le building a été green. La conscience écologique est la première carte qui joue en faveur de la conversion des bâtiments en bâtiments smart. La préoccupation pour les problèmes environnementaux tels que la réduction drastique des ressources et de l’effet de serre, les engagements pris par les États au niveau international tels que l’accord de Paris de 2015 et les normes nationales ont contribué à la naissance d’une nouvelle génération de bâtiments : les bâtiments green, qui sont capables de réduire de près de 50 % leur consommation d’énergie en trois ans par rapport aux bâtiments traditionnels. Ces économies passent par de nombreuses innovations technologiques, qui vont de la création de nouveaux matériaux de construction et de revêtement capables de réduire la dispersion d’énergie à la robotisation des maisons. Et c’est précisément en rationalisant la consommation d’énergie et en utilisant des logiciels de gestion que le smart building qui s’est développé a été capable de superviser son efficience énergétique et de s’adapter aux modifications de son environnement. Cette première expérience de bâtiment connecté a ouvert de nouvelles perspectives et aujourd’hui, grâce aux technologies et aux nouveaux services, le bâtiment est avant tout au service de l’utilisateur. De plus en plus adaptable et flexible, il s’inscrit dans une logique d’individualisation de l’expérience.

L’innovation technologique permet donc aux bâtiments d’offrir aux usagers des services de plus en plus performants, capables de mesurer les résultats en temps réel. Ainsi, les bâtiments sont devenus smart et génèrent aujourd’hui un chiffre d’affaires énorme, qui représente pour la seule année 2020 un marché d’une valeur de 76 milliards de dollars à l’échelle mondiale (environ 65 milliards d’euros).

Alors que l’évolution sociétale accompagne et stimule le changement – urbanisation, mélange de la vie privée et de la vie professionnelle, hyperconnexion – l’augmentation d’une demande généralisée du bien-être et la volonté de créer des liens sociaux ont stimulé la construction de bâtiments capables d’offrir des services plus personnalisés, jusqu’à ce qu’un nouveau type émerge : le bâtiment au service de l’utilisateur. Il est connecté à son environnement et aux nouveaux usages technologiques, il intègre les nouveaux usages d’aujourd’hui et de demain et son informatique transmet des données et fait interagir les objets physiques et virtuels. Il est inséré dans un environnement urbain lui-même smart, capable de combiner les innovations technologiques, les nouvelles façons de profiter de la ville et la création de liens sociaux.

Cette réalité génère un volume gigantesque de données et une énorme quantité d’outils pour les collecter, les gérer et les analyser. Dans ce contexte, le mot d’ordre est l’interopérabilité ou comment faire communiquer et interagir différentes infrastructures qui ne partagent pas nécessairement les mêmes systèmes. En France, quelqu’un a déjà commencé à le faire. En 2017, la ville de Paris a testé ComfortPredict, une application prédictive qui mesure les émotions ressenties par les piétons dans l’espace public, permettant de les prévoir et, par conséquent, de planifier des interventions et des services pour améliorer le confort des citoyens. Désormais la voie est tracée et on ne peut plus faire demi-tour, preuve en est que la domotique représente 57 % des ventes d’objets connectés sur le marché français.

Nous sommes donc face à une nouvelle génération de logements, des responsive buildings capables de s’adapter et de répondre aux besoins d’un utilisateur hyperconnecté, qui contrôle un grand nombre d’objets interconnectés qui interagissent dans des espaces hybrides et flexibles, où vie privée et vie professionnelle se mêlent. Dans cet environnement, la création de liens sociaux est rendue possible par les échanges de services, les interactions et les partages. L’utilisateur accède à une multitude de services personnalisés, en fonction de ses centres d’intérêt et de ses activités.

Flexible et adaptable à la demande des occupants, le responsive building réduit de beaucoup ses temps et ses coûts de réaménagement et, grâce à la possibilité de superviser ses performances et d’analyser les données pour chaque poste de dépense, sa gestion est optimisée. En augmentant la satisfaction de ses occupants, sa durée de vie locative s’allonge et, dans le cas des bureaux, la productivité augmente.

Bien intégré à la ville, connecté, vertueux, durable et favorable au bien-être de ses occupants, le responsive building participe à l’essor économique et démographique du territoire. Il offre des opportunités réelles pour le secteur tertiaire, augmente la qualité de vie et permet de concevoir de nouveaux quartiers avec leurs usagers actuels et futurs.

 

Décembre 2020