Stratégies pour une modélisation BIM adaptative

Le projet AIM-eBIM a le but de créer des protocoles d'optimisation des données qui peuvent en optimiser la gestion et en augmenter la fiabilité, en les rendant adaptables à différents besoins
De Valeria La Torre, Maria Chiara Bignozzi, Federica Maietti, Cristina Castagnetti, Luca Pozza, Chiara Vernizzi

(Mars 2025) | L’Observatoire européen sur le secteur des constructions, l’organe de suivi du secteur de la construction de l’UE, fournit périodiquement une vue d’ensemble de l’état de la numérisation dans le secteur de la construction de l’UE, en identifiant les principaux moteurs et défis. Des statistiques récentes ont mis en évidence des niveaux de numérisation très différents en termes de maturité et d’adoption, à la fois entre les États membres de l’UE, entre les différentes technologies et même entre les différentes étapes d’un même processus de construction [1,2]. En Italie, comme dans d’autres pays européens, la diffusion du Building Information Modeling (BIM) représente la réponse du secteur de la construction à des problèmes critiques tels que la fragmentation du marché, le manque de normalisation, les chaînes d’approvisionnement longues et non coordonnées, les données qui ne sont pas toujours disponibles, etc.  En considérant l’inclusion progressive de la modélisation BIM dans les appels d’offres italiens [D.M. n. 312/2021], les processus de relevé numérique et de modélisation paramétrique du patrimoine existant deviennent aussi omniprésents que nécessaires. Toutefois, ils se révèlent inefficaces lorsqu’ils sont analysés du point de vue des utilisateurs (professionnels, entreprises) qui doivent faire face à une complexité de données souvent difficiles à gérer, avec le risque de perdre de la valeur économique.

Pour la région d’Émilie-Romagne (RER), le système de spécialisation industrielle « Bâtiment et constructions » est stratégique et le segment de la filière qui semble avoir particulièrement besoin d’être rationalisé est celui dont le processus va du relevé et de la numérisation à la modélisation BIM et à l’utilisation de modèles pour des projets d’intervention sur le bâtiment existant.

AIM-eBIMEn accord avec la stratégie numérique européenne et l’agenda numérique 2020-2025 de la RER, qui parle de la transformation numérique des entreprises en renforçant les moteurs technologiques émergents, est né le projet AIM-eBIM Adapted Information Management for existing Buildings Information Modeling, financé par la Région avec des fonds européens dans le cadre du programme FESR 2021-2027. AIM-eBIM a le but d’implémenter la numérisation au service de la filière des constructions et d’optimiser la gestion des données tout au long de leur cycle de vie : création, traitement, intégration, transfert et mise aux archives.

En continuant l’activité effectuée dans le cadre du projet e-BIM (existing Building Information Modeling, financé dans le programme régional FEDER 2014-2020), AIM-eBIM veut proposer des solutions à la gestion complexe de grandes quantités de données, souvent inutilisées et/ou de qualité insuffisante. L’objectif est de créer des protocoles qui permettent une utilisation « critique » des données, c’est-à-dire une utilisation qui peut être adaptée à différents besoins.

Le projet, qui a débuté en février 2024, a une durée de 30 mois et est divisé en quatre phases. Partant d’une analyse des outils numériques d’acquisition et des principaux points critiques dans l’utilisation des modèles résultants, il conduira à la définition de critères de thématisation de la donnée numérique, en la segmentant selon des stratégies de population spécifiques (matériaux, composants, morphologies/structures, aspects de conservation et d’énergie).  Les modèles BIM seront ensuite mis en œuvre en suivant la logique paramétrique adaptative de la population thématique. Enfin, le flux de travail numérique élaboré sera appliqué à des études de cas du patrimoine existant (parties spécifiques des bâtiments sélectionnés), en identifiant les abaques d’application et les propriétés de l’information liées aux différents choix d’intervention.

AIM-eBIM est coordonnée par TekneHub de l’université de Ferrare, avec pour partenaires les laboratoires du réseau de haute technologie suivants : CRICT (Centre interdépartemental de recherche et de services dans le secteur des constructions et du territoire) de l’université de Modène et Reggio Emilia, CIDEA (Centre interdépartemental pour l’énergie et l’environnement) de l’université de Parme, CIRI EC (Centre interdépartemental pour la recherche industrielle dans le Bâtiment et les Constructions) de l’université de Bologne et le Centro Ceramico. TekneHub, CRICT et CIDEA mettent à disposition les propres compétences en termes de relevé intégré et numérisation, la modélisation paramétrique et analyse critique sur les données des bâtiments existants, en collaboration avec les entreprises Inception, Politecnica et Safe. CIRI EC et le Centro Ceramico approfondissent le développement analytique des systèmes structurels et des matériaux et composants dans un environnement paramétrique, en s’intégrant avec les entreprises concernées (2Si et Tonalite).

L’impact de l’AIM-eBIM sur la filière des constructions déterminera une forte valorisation industrielle, en particulier par les entreprises produisant des matériaux de construction tels que les carreaux de céramique et les briques. Les processus de transformation numérique seront améliorés, ce qui permettra d’optimiser la gestion des données et d’accroître la fiabilité et la qualité des données d’information.

Eventuelle programmation d’une diminution des coûts du processus d’enquête (qui sera optimisé) et de modélisation (dont les procédures de segmentation accéléreront le processus d’extraction de données significatives, pour des mises en œuvre spécifiques). En outre, il peut y avoir des retombées positives dans le secteur professionnel et dans les administrations publiques engagées dans le réaménagement de bâtiments existants, répondant également aux obligations progressives vers l’adoption du BIM dans la gestion des appels d’offres publics.

 

[1] Improving the human capital basis, Analytical Report March 2020, European Construction Sector Observatory.
[2] La numérisation dans le secteur des constructions, Report Analitico Aprile 2021, Osservatorio europeo sul settore delle costruzioni.


Auteurs :

Valeria La Torre e Maria Chiara Bignozzi, Centro Ceramico – Sassuolo (MO)
Federica Maietti, TEKNEHUB, Tecnopolo di Ferrara
Cristina Castagnetti, CRICT, Centro Interdipartimentale di Ricerca e per i Servizi nel settore delle Costruzioni e del Territorio, Università degli Studi di Modena e Reggio Emilia
Luca Pozza, CIRI EC, Centro Interdipartimentale per la Ricerca Industriale Edilizia e Costruzioni, Università di Bologna
Chiara Vernizzi, CIDEA, Centro Interdipartimentale per l’energia e l’Ambiente, Università degli Studi di Parma

Cer Magazine International 78 | 03.2025